Extrait 4

Modifié par Delphinelivet

Un jour, le narrateur reçoit chez lui une boîte contenant un chien, un Dingo d'Australie, qu'un ami anglais lui a offert. Il décide de le garder, de l'appeler par le nom de sa race et commence son éducation. 

« J’avais remarqué que Dingo apprenait très facilement, sans le moindre effort, tout ce qu’il jugeait devoir lui être agréable et utile dans la vie. Pareil en ceci aux cancres, aux délicieux cancres de collège, tout ce qui lui déplaisait, c’est-à-dire tout ce qui ne correspondait pas à sa sensibilité, à sa mentalité de chien – Dieu sait que ce n’était pas rare ! –, aucune force humaine, ni la sévérité, ni la ruse, n’était capable de le lui faire accepter. Vous ne me croirez pas : il simulait l’incompréhension pour n’avoir point à obéir, et qu’on ne pût vraiment pas lui savoir mauvais gré de ses résistances. Si parfois il affectait de ne pas comprendre, ce n’était pas, à la façon des critiques1, pour en tirer vanité et s’en faire un surcroît de réputation et d’honneur, mais pour qu’on le laissât tranquille, qu’on lui permît de vivre, à l’abri de nos sottises, selon ses goûts, une vie normale, une vie harmonieuse de chien. Comme il avait au fond de l’amour-propre et de la franchise, il ne s’obstinait pas longtemps dans ce rôle d’idiot, qui du reste ne lui seyait pas du tout. »

Octave Mirbeau, Dingo, 1903


1.  À la façon des critiques : Octave Mirbeau se moque des critiques littéraires de son époque. 


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